Méthode d’accordéon innovante de Philippe de Ezcurra

Une méthode innovante pour l’accordéon à basses chromatiques : atouts et pistes pédagogiques
Introduction : pourquoi innover dans l’enseignement de l’accordéon ?
Dans l’univers de l’accordéon à basses chromatiques, les méthodes classiques ont fait leurs preuves — mais elles présentent aussi des limites, notamment quand on s’adresse aux plus jeunes, aux débutants absolus, ou aux élèves qui ont besoin de repères visuels très clairs.
La nouveauté proposée par Philippe de Ezcurra, à travers Ma première méthode d’accordéon – Basses chromatiques (2Mc Éditions), vise précisément à combler ce « creux » pédagogique entre le tout-noté et le tout intuitif, en proposant une structuration visuelle et sensorielle dès les premières leçons. 2Mc Editions
Cet article se propose de décortiquer les fondements de cette méthode, ses forces pour l’enseignant, ses enjeux pratiques, et quelques suggestions pour l’intégrer (ou l’adapter) dans vos propres cours.
Présentation de la méthode de Philippe de Ezcurra
Voici les points clés qui structurent Ma première méthode d’accordéon :
Système visuel d’« escaliers » pour le repérage sur le clavier
Plutôt que de partir immédiatement du solfège ou d’analyses abstraites, cette méthode introduit un codage visuel en forme d’escaliers (ou de paliers) sur le clavier. L’idée est que l’élève perçoive une “géographie” du clavier — montée, descente, position relative — dès les premiers contacts. 2Mc Editions
Cela permet de limiter la flottement mental : l’élève ne “cherche pas” les notes, il les repère comme sur une carte visuelle.Couleurs associées aux doigts, aux figures musicales et aux positions
Chaque doigt — ou parfois chaque doigté — est relié à une couleur spécifique, ce qui renforce l’ancrage sensoriel. Les figures rythmiques ou les motifs (par exemple une note pointée, un silence, une liaison) peuvent aussi avoir des repères colorés. 2Mc Editions
Pour un jeune apprenant ou un élève visuel, ce codage multisensoriel (visuel + moteur) accélère l’automatisation.Un parcours pensé pour deux années de formation
La méthode n’est pas un recueil d’exercices décousus : elle est structurée comme un cursus sur deux années, avec une progression logique, des paliers de difficulté, et une montée en complexité. 2Mc Editions
Cela intéresse particulièrement l’enseignant : savoir où l’on va, anticiper les obstacles, calibrer les transitions.Fiches “Notes” pour le professeur, le suivi individualisé
Chaque leçon est accompagnée d’une fiche “Notes” destinée à l’enseignant, pour lui permettre de consigner des observations, ajuster la progression, noter les points sensibles, ou différencier selon les élèves. 2Mc Editions
Ceci renforce la dimension “outil pédagogique” — la méthode ne s’adresse pas seulement à l’élève, mais au duo enseignant/élève.Exercices originaux (Slalom, Tétris, etc.) pour renforcer la maîtrise
Au lieu de ne répéter que des gammes ou des morceaux calqués sur le répertoire classique, la méthode intègre des exercices “ludiques” (Slalom, Tétris…) qui font travailler, par jeu, la dextérité, la conscience du clavier et les transferts entre doigtés et positions. 2Mc Editions
Cela rend la pratique moins “répétitive” et introduit une dimension de défi attrayant.Support graphique de qualité, trilingue (FR / EN / EU)
Le matériel est imprimé en couleur, avec reliure spirale pour une manipulation aisée. La présence de volets trilingues (français, anglais, “EU” — j’imagine “européen” ou version multilingue) facilite l’usage en contexte plurilingue ou dans des cours où l’élève ou l’enseignant ne parlerait pas français. 2Mc Editions
Pourquoi cette méthode peut séduire un professeur — et ses limites possibles
Forces pédagogiques
Accélération de l’automatisation
En fournissant des repères visuels solides (escaliers, couleurs), on réduit le temps durant lequel l’élève “cherche” ses notes, ce qui dégorge de l’énergie cognitive pour la qualité du son, l’oreille, l’expression.Moins d’inhibition initiale
Certains élèves débutants, notamment les enfants, sont freinés par la peur de l’erreur, le flou spatial du clavier ou du front mental. Un repérage clair (visuel) rassure et invite à l’exploration.Soutien à la différenciation
Les fiches pour l’enseignant permettent de moduler le rythme, de revenir sur des points faibles pour un élève sans freiner les autres, sans perdre le fil du programme.Dimension ludique / motivante
Les exercices “Slalom, Tétris…” apportent de la variation dans la routine, ce qui est crucial pour entretenir la motivation à long terme, surtout pour les plus jeunes.Vision à long terme
Le fait que la méthode suive un plan sur deux ans garantit que l’enseignant ne sera pas livré à lui-même pour passer d’un niveau débutant à un niveau intermédiaire. On sait où l’on va.
Points d’attention, ajustements possibles, critiques potentielles
Risques de dépendance au codage couleur / repère visuel
Si on pousse trop tôt l’élève à “ne plus regarder les repères”, il pourrait être dépendant du visuel. Il faut prévoir une “phase de retrait” progressive du codage, pour l’automatisation vraie.Adaptabilité aux profils non visuels
Certains élèves sont davantage auditifs, kinesthésiques ou abstraits dans leur perception. Pour eux, trop s’appuyer sur le visuel pourrait être limitant. Il faut donc prévoir des compléments (écoute, improvisation, dictées) pour équilibrer.Charge pour le professeur
L’enseignant doit être conscient du “système” d’escaliers et de codage, et l’intégrer dans sa méthode. Si le professeur reste “hors du système”, la puissance de la méthode peut être sous-exploitée.Transition vers une pratique libre
Une fois les repères bien internalisés, comment passer vers la lecture fluide traditionnelle (sans codes) ? Il faut prévoir un pont, un “dépouillement” progressif des aides visuelles, des exercices de retour à la carte standard.Limites de durée / niveau
La méthode est conçue pour deux années complètes. Mais après ça, que faire pour consolider l’interprétation, l’improvisation, le répertoire “hors-méthode” ? Il faudra le compléter avec des œuvres adaptées, des transcriptions, etc.
Conseils pratiques pour l’enseignant qui adopte cette méthode
Phase d’appropriation
Avant d’appliquer la méthode en classe, prenez du temps pour vous familiariser avec le système visuel (escaliers, couleurs), feuilleter toutes les fiches “Notes” et anticiper le cheminement sur deux ans. Comprendre le plan global vous permet d’anticiper les difficultés.Introduction aux élèves
Expliquez, dès la première leçon, le concept des “escaliers” et pourquoi on utilise les couleurs. Demandez à l’élève, dès la 1ʳᵉ session, de “lire” le clavier visuel avant de jouer — cela renforce la conscience spatiale.Varier les approches
Ne vous interdisez pas d’introduire, à côté, des exercices auditifs, de l’improvisation ou de la lecture sans les codes (progressivement). L’idée est de ne pas enfermer l’élève uniquement dans le visuel, mais de lui donner un bagage mixte.Suivi régulier via les fiches Notes
Utilisez les fiches pour noter les progrès, les points bloquants, les doigtés alternatifs ou les réflexions personnelles que vous avez avec l’élève. Cela permet de garder une mémoire pédagogique propre à chaque élève.Planification anticipée
Comme la méthode est structurée sur deux ans, planifiez vos grandes étapes (par exemple “fin du cycle 1”, “transition vers des morceaux simples”, “introduire la lecture sans code visuel”) afin de guider les élèves vers l’autonomie.Phase de retrait du codage
À mi-parcours ou dans la deuxième année, prévoir une phase de “désactivation progressive” du codage visuel : des versions “sans couleur” de certains exercices, des défis “sans repère”, etc. Cela solidifie l’indépendance.Compléments pédagogiques
Utilisez des morceaux simples, des transcriptions, ou des dictées pour renforcer ce qui n’est pas couvert par la méthode. Cela aide à construire une culture musicale plus large (oreille, écoute, expressivité).Feedback et adaptation
Sollicitez l’avis des élèves : quels repères visuels sont les plus utiles ? Lesquels gênent-ils ? À partir de là, vous pouvez ajuster les codages pour chaque élève — la méthode n’est pas rigide, elle est un outil.
Conclusion : une méthode outil, exigeante et prometteuse
La méthode Ma première méthode d’accordéon – Basses chromatiques de Philippe de Ezcurra est plus qu’un simple recueil d’exercices : c’est une vision pédagogique articulée autour de repères visuels et sensoriels, d’un suivi rigoureux et d’un calendrier progressif. Elle propose une aide structurée à l’enseignant et une voie rassurante pour l’élève débutant.
Son efficacité dépendra bien sûr de la façon dont chaque professeur l’intègre, adapte, module. Mais dans le paysage des méthodes d’accordéon, elle occupe une position originale et prometteuse — surtout pour ceux qui souhaitent offrir à leurs élèves des repères solides, dès le départ.
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